Retour de lecture pour : La nuit des Temps, René Barjavel

Certains de mes retours de lecture peuvent présenter des éléments d’intrigues.

L’auteur
René Barjavel, né en et mort en à Paris, est un écrivain et journaliste français, également scénariste et dialoguiste de cinéma. Il est principalement connu pour ses romans d’anticipation, de science-fiction ou fantastique dans lesquels s’exprime l’angoisse ressentie devant une technologie que l’homme ne maîtrise plus.

Certains thèmes reviennent fréquemment dans son œuvre littéraire : chute de la civilisation causée par les excès de la science et la folie de la guerre, caractère éternel et indestructible de l’amour (RavageLa Nuit des tempsLe Grand SecretUne rose au paradis). Son écriture se veut poétique, onirique et, parfois, philosophique. Il a aussi abordé dans ses essais l’interrogation empirique et poétique sur l’existence de Dieu (notamment, La Faim du tigre), et le sens de l’action de l’homme sur la Nature.

[Merci wikipédia, pensez à les soutenir]


4e de couv
L’Antarctique. À la tête d’une mission scientifique française, le professeur Simon fore la glace depuis ce qui semble une éternité. Dans le grand désert blanc, il n’y a rien, juste le froid, le vent, le silence.
Jusqu’à ce son, très faible. À plus de 900 mètres sous la glace, quelque chose appelle. Dans l’euphorie générale, une expédition vers le centre de la Terre se met en place.

Un roman universel devenu un classique de la littérature mêlant aventure, histoire d’amour et chronique scientifique.


Retour de lecture
 
Il y a ces livres que vous vous promettez de lire rapidement, puis les livres défilent et en scrutant votre PAL vous vous dîtes « mince je ne l’ai toujours pas lu celui là ! ». Quand enfin vous finissez par le prendre en main, c’est une histoire d’amour qui commence avec un récit que vous saviez déjà aimer à l’avance…

La nuit des temps est ce genre de livre, celui que vous ne refermez pas volontairement tant qu’il n’est pas fini… Embarqués, nous le sommes dès les premières lignes, l’ambiance est surannée et charmante dans sa désuétude tout en étant étrangement contemporaine. Au début, le mystère de la découverte est entier, entrecoupé de lettres d’amour poignantes, on sait sans savoir que des sentiments violents et profonds vont nous percuter de plein fouet, on redoute tout autant qu’on les appelle de nos voeux… Couche de glace après couche de glace, nos coeurs se préparent à cette histoire d’amour improbable…

« J’en ai trop vu à l’hôpital de ces bouches ouvertes, les bouches des corps dont l’autorité de la vie vient d’abandonner d’un seul coup toutes les cellules et qui ne sont plus, brusquement, que de la viande vide, en proie à la pesanteur.

Le côté scientifique de l’expédition tout à la fois réaliste et absolument irréaliste nous séduit uniquement par le réalisme humain des protagonistes… L’auteur maîtrise la psychologie humaine de main de maître et la distille dans des caractères que l’on reconnait en nos voisins, nos connaissances, notre famille… Dès lors, on s’attache à eux avec leur qualités et leur défauts mais surtout leurs espoirs.

La temporalité est, un bon moment, délibérément lente, l’auteur nous retient pour mieux nous préparer… Puis, dans une maîtrise totale du style, il nous guide progressivement dans un rythme crescendo à coup de passage en poésie en prose pour désarmer nos coeurs, d’accumulation de verbes d’action pour nous mettre à bout de souffle, ou d’adjectifs pour nous prendre aux tripes,  le tout couplé à des descriptions magistrales, le lecteur n’a aucun moyen de ne pas suivre, de ne pas vibrer, de ne pas s’émouvoir, de ne pas se reconnaître…

« Nous avons quelque chose en commun qui est plus fort que nos différences : c’est le besoin de connaître. Les littérateurs appellent ça l’amour de la science. Moi j’appelle ça la curiosité. Quand elle est servie par l’intelligence, c’est la plus grande qualité de l’homme. Nous appartenons à toutes les disciplines scientifiques, à toutes les nations, à toutes les idéologies. Vous n’aimes pas que je sois un Russe communiste. Je n’aime pas que vous soyez de petits capitalistes impérialistes lamentables et stupides, empêtrés dans la glu d’un passé social en train de pourrir. Mais je sais, et vous savez que tout ça est dépassé par notre curiosité. Vous et moi, nous voulons savoir. Nous voulons connaître l’Univers dans tous ses secrets, les plus grands et les plus petits. Et nous savons déjà au moins une chose, c’est que l’homme est merveilleux et que les hommes sont pitoyables, et que chacun de notre côté, dans notre morceau de connaissance et dans notre nationalisme misérable, c’est pour les hommes que nous travaillons.

Dans ce roman, les préoccupations individuelles tout autant que collectives sont toujours tellement d’actualité, que c’en est terrifiant… Derrière cet ode à l’amour, ce roman véhicule les grandes questions de l’évolution de notre humanité. Achevé en 1968, et il est pourtant toujours autant le reflet de notre Babel qui s’effondre encore et encore…

Cette sublime épopée nous embarque dans la beauté et la grandeur du tragique, nous assistons ici à l’une des plus belles histoires d’amour de la littérature française… Nous sommes témoins du meilleur de l’humanité mais aussi du pire…

« Ils ne pensaient plus à leurs épreuves, aux menaces, à la guerre. Ils volaient vers un havre de paix. Peut-être momentané, précaire, illusoire, et où de multiples problèmes se poseraient en tout cas pour eux. Mais ces soucis étaient pour demain, pour tout à l’heure. Vivre les malheurs d’avance, c’est les subir deux fois. Le moment présent était un moment de joie, il ne fallait pas l’empoisonner.

Pour conclure, je suis tombée en amour avec ce roman, cette écriture, cet univers, une merveille, ne faites pas comme moi en le laissant de côté dans votre PAL, aller à la découverte de ce bijou sans attendre, cette fresque romanesque et philosophique rendue inoubliable par le génie de la plume de l’auteur est une fleur précieuse qui n’attend que vous pour distiller son parfum et vous envoûter…

Je n’avais pas été aussi bouleversé depuis Le violon de Anne Rice, ma note finale est donc un coup de coeur

En vente Ici

Publicité