Retour de lecture pour : La passe-miroir Tome 1 : Les fiancés de l’hiver, Christelle Dabos

Certains de mes retours de lecture peuvent présenter des éléments d’intrigues.


Retour de lecture : 

Ceci est le sixième livre lu dans le cadre du PIF 2019.

Depuis le temps que j’entends parler en bien de cette saga, il me fallait absolument me faire ma propre idée.

L’écriture est déliée, fine et délicate, un peu poétique, pas si simple qu’il y paraît, on perçoit un style travailler et auquel il a été prêté une réelle attention. C’est très agréable.

L’univers est très bien construit, très léché dans les détails qui fourmillent. Cela ajoute à la crédibilité de cet environnement magique. J’adore cet aspect animique des objets et la lecture qui va avec, c’est une idée qui rend l’univers de suite beaucoup plus complexe et permet de nombreuses originalités dans l’intrigue.

Les personnages sont présentés d’emblée de façon à ce que l’on comprenne qu’il ne faut pas se fier aux premières apparences que l’on nous montre. Je ne m’épancherai pas sur l’intégralité des personnages intéressants, ils sont trop nombreux, c’est là que réside tout le talent de l’autrice qui par jeux de miroirs, c’est le cas de le dire, nous livre leur complexité et leur personnalité multi-facette et les rend ainsi crédibles, attachants parfois, détestables aussi. Touche après touche, ils se dessinent plus précisément, ils prennent du volume et de la texture, c’est très bien pensé de ne pas les livrer entièrement dès le premier instant, cela créé un lien émotionnel entre le lecteur et les héros.

« Lire un objet ça demande de s’oublier un peu pour laisser la place au passé d’un autre. Passer les miroirs, ça demande de s’affronter soi-même. Il faut des tripes, t’sais, pour se regarder droit dans les mirettes, se voir tel qu’on est, plonger dans son propre reflet. Ceux qui se voilent la face, ceux qui se mentent à eux-mêmes, ceux qui se voient mieux qu’ils sont, ils pourront jamais.

Ophélie nous est présentée avec un potentiel non exploité, en dormance, elle est l’archétype du vilain petit canard d’une famille. Je pense hélas qu’il y a une phrase de trop qui annonce sa force bien trop tôt dans l’intrigue, cela aurait donné encore plus de puissance et de contraste au personnage si le lecteur l’avait compris plus tard… C’est peut-être mon seul bémol car dès que j’ai lu cette phrase je me suis mise à décortiquer tout son comportement et les réactions des protagonistes qui interagissent avec elle avec beaucoup d’attention… De fait, j’ai pu anticiper nombre de ses réactions et le mystère s’est pas mal dissipé autour d’elle…

J’ai un coup de coeur pour l’écharpe d’Ophélie, finalement elle est la touche de tendresse qui manque cruellement du début à la fin du tome, non seulement cela renforce l’aspect brut du contexte et des personnages mais cela introduit certainement un aspect d’Ophélie qu’elle ne s’avoue pas. A confirmer ou non en lisant la suite.

Ce personnage effacé  de la passe-miroir est la clé centrale par qui nous découvrons l’univers de la Citacielle. L’intrigue, les décors, les situations et les personnages fonctionnent énormément par effet de contraste. Cela donne du relief et de la profondeur à la cité flottante où les complots et les apparences sont maîtres. Le lecteur est plongé dans ce labyrinthe avec un effet d’enfermement bien travaillé. La Citacielle offre un panel de lieux d’action et pourtant on a le sentiment d’être fréquemment pris dans un huis-clos infernal et étouffant.

L’action commence lentement puis s’accélère et les évènements finissent par tomber en cascade à un rythme assez régulier. Nous n’avons pas le temps de voir passer les 560 pages de ce premier tome, nous sommes happés par les rebondissements mais aussi par la curiosité. Mais attention, le travail descriptif est très très présent donc si vous n’aimez pas fuyez, vous allez vous ennuyer à coup sûr… Pour ma part, j’aime à me perdre dans les méandres descriptives (quand elles sont biens faites, ce qui est le cas ici) autant du décor, que de la psychologie ou des émotions des personnages…

Ce volume se termine par l’annonce d’une rencontre clé que nous ne pourrons suivre que dans le deuxième tome, c’est une fin intelligente qui encourage à acquérir la suite sans attendre…

« Tant qu’Ophélie aurait des scrupules, tant qu’elle agirait en accord avec sa conscience, tant qu’elle serait capable de faire face à son reflet chaque matin, elle n’appartiendrait à personne d’autre qu’elle-même.

Je suis agréablement surprise qu’un roman catalogué jeunesse propose une telle profondeur psychologique et émotionnelle, c’est habituellement le contraire, et je trouve ça formidable de proposer une littérature qui va plus loin que l’utilisation de simple stéréotypes à destination d’un public jeune. J’en profite pour préciser que les moins jeunes apprécieront sans aucun doute cette saga prometteuse.

Pour conclure, ce premier tome pose richement le début de l’intrigue et les protagonistes. Si vous aimez les univers construits en détails et de façon originale, si vous appréciez les longues descriptions et les personnages complexes alors il y a de fortes chances que vous aimiez autant que moi ce premier tome qui est fidèle à la réputation qu’il a acquise.

Ma note finale est donc de 16/20 pour ce premier tome.

Mes retours de lecture pour les tomes 2 et 3

Disponible ici

Pour aller plus loin…

4e de couv. : Sous son écharpe élimée et ses lunettes de myope, Ophélie cache des dons singuliers : elle peut lire le passé des objets et traverser les miroirs. Elle vit paisiblement sur l’Arche d’Anima quand on la fiance à Thorn, du puissant clan des Dragons.

La jeune fille doit quitter sa famille et le suivre à la Citacielle, capitale flottante du Pôle. A quelle fin a-t-elle été choisie ? Pourquoi doit-elle dissimuler sa véritable identité ? Sans le savoir, Ophélie devient le jouet d’un complot mortel.

– Grand Prix de l’Imaginaire 2016
– Roman jeunesse francophone
– Grand Prix de l’Imaginaire 2016
– Prix Wojtek Siudmak du graphisme


L’autrice : Christelle Dabos est née en 1980 sur la Côte d’Azur. Elle commence à gribouiller ses premiers textes sur les bancs de la faculté et se destine à être bibliothécaire quand la maladie survient. L’écriture devient alors une seconde nature, notamment au sein de Plume d’Argent, une communauté d’auteurs sur Internet. Elle décide de relever son premier défi littéraire grâce à leurs encouragements et devient ainsi la grande lauréate du Concours du premier roman jeunesse. Christelle Dabos vit en Belgique.


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