Retour de lecture pour : Le Désert des Couleurs de Aurélie Wellenstein

Certains de mes retours de lecture peuvent présenter des éléments d’intrigues.


Retour de lecture : 

Cela faisait longtemps que je n’entendais que du bien de cette autrice et au détour d’un rayon de librairie, l’univers a mis ce titre sur ma route et je me suis dit qu’il était temps de la découvrir.

Rendez-vous réussi avec cette autrice à la plume chargée d’images et d’odeurs, elle nous invite dans le désert qu’elle décrit, nous ne lisons pas le désert, nous sommes plongés dans le désert, l’odeur du sable chaud, la soif qui irrite la gorge, la fatigue des jambes qui arpentent les dunes, la fraîcheur des nuits, l’impression de ne jamais pouvoir en sortir, l’immersion est totale grâce à son écriture sensorielle et imagée.

J’ai trouvé ce roman original, ses thématiques sont à tiroirs, on croit ouvrir un livre sur la mémoire et l’on découvre un hymne à l’humanité et à la nature.

– A quoi ressemble un souvenir perdu ?
– A un grain de sable, brillant, nacré, illuminé par l’histoire qu’il contient. Il dégage l’odeur de son propriétaire, plus que ça, il exhale son âme, son ADN.

J’ai adoré les deux protagonistes principaux Irae et Kalbaraï. Irae pour son caractère, sa force physique, les codes de l’héroïne qu’elle casse avec son crâne rasé et ses tatouages. Kalbaraï pour son innocence qui lui fait juger à l’emporte pièce, j’ai aimé sa psychologie naïve et encore plus son évolution.

La mémoire plus que le désert peut être vu comme personnifiée, elle est présentée par Wellenstein comme le trésor de l’humanité, fragile mais ô combien précieuse, le message est clair, sans mémoire on n’est plus rien. Autant la mémoire de l’Histoire de l’humanité que la mémoire de l’individu… Que serait le monde sans nos milliards de mémoire individuelles et collectives ? Ce roman donne une proposition de réponse… chacun la recevra selon sa sensibilité. J’ai personnellement beaucoup aimé ce que l’autrice nous propose, c’est fin, intelligent, nuancé…

Je me sens obligée de dire que ce roman m’a touché personnellement dans mon histoire. J’ai toujours eu à cœur de parler de ce que j’ai vécu pour montrer aux autres que l’on peut très bien faire des traumatismes vécus une force, ce roman c’est un peu ce type de parcours, celui qui rend plus fort, non par l’oubli, mais par l’acceptation.

Je crains d’en dire trop, ce serait dommage. Un trigger warming s’impose toutefois, si vous êtes sensibles aux histoires de meurtres et de violences sexuelles, il faut le lire en connaissance de cause car si ce n’est pas la majorité du roman c’est néanmoins un élément de l’intrigue qui reste important.

– Tu as dit, reprit-elle enfin, que j’aimais mes parents. […] Je crois qu’elle a raison, concéda-t-elle. Si je ne les avais pas aimés, je serais devenue une meurtrière. Je me serai vengée. Mais j’éprouvais une forme d’amour pour eux. Ou plutôt une compassion. Le plus terrible, c’est que cet amour a enraciné le silence et la culpabilité en moi. Cet amour a fait que j’ai préféré m’attaquer à moi-même plutôt qu’à eux.

Finalement, le seul bémol que je pourrais avoir réside dans le peu de moments où l’on rencontre les créatures du désert, l’univers est parfaitement construit mais finalement peu représenté. C’est assez dommage et frustrant de ne pas profiter plus de ce superbe cadre fantastique. C’est un aspect qui laisse un peu sur sa faim.

En conclusion, nous avons ici un très beau roman fantastique, emprunt de l’air chaud du désert, qui nous invite à parcourir la mémoire individuelle et collective sur fond d’écologie et de tolérance. Entre véritables oasis et mirages, le lecteur est invité à réfléchir à sa propre identité et à sa propre place dans le monde. Une superbe fable écologique mais surtout un très beau parcours initiatique qui invite à se trouver ou à se retrouver soi-même.

Ma note finale est donc un 15/20

Disponible ici ou ici


Pour aller plus loin…

4e de couv. : Dans le désert des couleurs, chaque grain de sable est un souvenir perdu et oublié. Marcher dans les dunes, c’est voir sa mémoire s’effacer. Alors pour se protéger, l’humanité s’est réfugiée dans le cratère d’un volcan. Mais depuis quelque temps, le sable monte chaque jour le long de ses pentes, prêt à l’ensevelir.

Malgré les risques, Kabalraï, fils du marchand de sable, et Irae, sa demi-sœur, s’aventurent dans les dunes multicolores pour trouver un nouvel endroit où s’installer. Mais le désert est dangereux et une fois qu’on s’y engage, il est difficile de ne pas s’y perdre…


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