Chronique issue de mon blog à visée ésotérique, spirituelle et de développement personnel. Les retours de lecture sont donc un peu différents des lectures plus classiques car ils ne s’arrêtent pas sur les mêmes éléments. Ils sont, en outre, tous hors notation.
Retour de lecture pour : La voie mystique de l’angoisse, Michel Laroche
Certains de mes retours de lecture peuvent présenter des éléments d’intrigues.
L’auteur : Michel Laroche, est un spécialiste reconnu des Pères de l’Église byzantine et de la géopolitique du christianisme. Il est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages qui traitent du monde byzantin, tant sur le plan théologique qu’historique. Ses ouvrages, « Une seule chair » (1986), « La voie du silence » (2010) et » Les Racines chrétiennes de l’Europe » (2014) sont devenus des références dans le domaine de la pensée byzantine. Il collabore régulièrement à la revue de géopolitique « Diplomatie ». Michel Laroche est métropolite dans l’Église orthodoxe (Patriarcat de Kiev) et habite dans la région parisienne.
4e de couv : Et si l’angoisse n’était pas le signe d’un désordre psychologique, mais que déchiffrée, elle nous livre un chemin de vie, par delà les pensées mortifères qu’elle porte en elle ? Michel Laroche nous fait découvrir que l’angoisse, bien connue des Pères du désert et des grands ascètes orientaux, n’était absolument pas comprise comme un signe de déséquilibre qu’il fallait soigner. Bien au contraire, elle était pour eux le signe que l’âme se trouvait enfin introduite dans le commencement du » Chemin angoissé du Royaume « . Elle traverse ce chemin de mort à soimême, qui ne peut donc se vivre sans l’acceptation des angoisses liées à sa propre mort, mais face à une vie nouvelle et une identité nouvelle. Vie, mort, résurrection constituent la triade de cette expérience spirituelle, à laquelle l’auteur nous initie, pas à pas, avec l’enseignement des Pères du désert. » Ne cherchons plus, ni à culpabiliser notre angoisse, ni à la considérer comme une maladie, mais à comprendre que notre nouvelle identité, comme une femme qui attend un enfant, connaît l’angoisse et les douleur de l’enfantement, espère que nous lui donnions enfin naissance. «
Retour de lecture : Tout d’abord je remercie chaleureusement Babelio et Les Editions Erick Bonnier qui m’ont fait confiance en m’envoyant ce livre contre une critique libre et non rémunérée.
Dans cet ouvrage, l’auteur nous averti dès le début que sa volonté n’est pas de présenter la voie mystique de l’angoisse d’un point de vue psychologique ou psychanalytique mais bien théologique et plus précisément dans le cadre de religion orthodoxe apophatique.
Je suis loin d’être une experte en orthodoxie, ce qui me permettra de vous présenter ma critique avec un oeil de novice n’ayant comme bagage que ma culture catholique de base (et oui avant d’être qui je suis et d’avoir choisi la voie d’une spiritualité sans religion, j’avais choisi d’explorer le catholicisme étant jeune), ma spiritualité d’aujourd’hui (libre de tout mouvement religieux) ainsi que mes modestes connaissances en occultisme mais également en développement personnel…
Le but n’est donc, en rien, de faire ici l’apologie de l’orthodoxie apophatique mais d’en tirer une analyse spécifique concernant l’angoisse en tant qu’élément menant à une transformation de l’être. Je pense en effet, qu’il n’est pas nécessaire d’adhérer aux religions pour en tirer des enseignements et croiser les valeurs spirituelles de notre monde pour nous développer vers une meilleure version de nous-mêmes.
Pour lire cet ouvrage nul besoin donc de connaitre la religion orthodoxe, un bagage de base judéo-chrétien suffira amplement ainsi que des bases de philosophie orientale (dont je parlerais plus loin). L’auteur est clair, il fourni les citations, explique, argumente, en cela le livre est bien construit, il ne nous laisse pas dans des interprétations nébuleuses pour perdre le lecteur. Au contraire, on sent une réelle volonté de faire comprendre sa démarche et l’objectif est rempli.
C’est très appréciable de lire un livre théologique qui comprend que l’homme moderne a ses contraintes quotidiennes, cet argumentaire en fait un livre réaliste avec un développement qui n’exclu aucun côté de nos vies modernes.
J’avoue que cet ouvrage m’a donné envie d’échanger avec l’auteur qui fait preuve d’une ouverture d’esprit peu commune dans le monde chrétien. Cela dit si vous êtes allergiques aux citations du Livre Saint et à l’emploi du mot Dieu, ne vous aventurez pas dans cet ouvrage sous peine de le jeter par la fenêtre au bout de 5 minutes.
Pour ma part, je trouve qu’il est bon de s’affranchir de ses croyances le temps d’aller à la rencontre de l’autre et au final ce livre est intéressant car bien que proposant son argumentaire ancré dans la religion orthodoxe, son analyse est tout à fait transposable dans un contexte neutre de développement personnel et de quête spirituelle hors religion : les explications s’appliquent facilement à une vie spirituelle sans Dieu défini ou une voie neutre de développement de soi au travers de nos expériences personnelles de l’angoisse, de la peur et de la souffrance. A vous de passer outre, s’il le faut, les paraboles religieuses ce qui est tout à fait faisable.
Deux bémols personnels : les répétitions sont, du moins au début, assez rébarbatives, et le grand nombre de notes en bas de pages est assez gênant. Hormis cela, il faut bien avouer que l’auteur a une plume très moderne, très claire et qu’il sait guider le lecteur, nous avons ici un livre, certes théologique, mais accessible au plus grand nombre, dans l’écriture au moins.
Parce que pour les concepts, il faut bien avouer que certains, ne comprendront pas l’approche de Michel Laroche s’il n’ont pas, ne serait-ce qu’une vague approche, de la philosophie orientale.
Des préceptes comme l’obéissance au maître ou guide spirituel, se libérer de ce que l’on croit savoir pour remplir sa coupe avec de nouvelles données, souffrir l’inconfort de l’âme dans une vie de paraître, expérimenter les petites morts de l’âme, tout ce qui constitue le socle de la sagesse orientale est ici présenté sous forme théologique.
Nous occidentaux, nous avons, pour la plupart, appris à nous conformer à nos codes sociétaux qui se résument peu ou prou à paraître plutôt qu’être, si le lecteur n’a aucune notion de ce que cela implique il sera complètement perdu face à un texte qui ne fait que proposer une sagesse de l’être, une sagesse de la substance de l’âme, une sagesse de l’incarnation du monde dans lequel nous voulons vivre.
Au final, l’auteur nous parle de l’angoisse comme symptôme du début d’une quête spirituelle, d’un développement personnel et celui qui saura se libérer de cette angoisse est celui qui acceptera de suivre la voie de sa transmutation personnelle. Un ouvrage enrichissant donc où chacun puisera ou non en fonction de son bagage personnel.
Je recommande ce livre pour plusieurs raisons. Déjà parce que tous ceux qui bloquent sur le christianisme d’aujourd’hui pourraient se découvrir une tolérance plus accrue grâce au discours ouvert et tolérant de l’auteur.
Ensuite parce qu’en terme de spiritualité, jeter des ponts entre les différentes cultures et les différentes croyances est un parcours, selon moi, tout à fait pertinent pour ouvrir ses horizons, il n’y a rien de pire que la culture qui se contente des terrains connus, c’est encore plus vrai sur les voies de la spiritualité…
Et pour finir, parce que, bien que profondément ancré dans la théologie de Michel Laroche, nous avons ici une proposition de cheminement spirituel qui peut parler à quiconque saura faire la part des choses entre la théologie et le développement personnel.
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