Retour de lecture pour : Le château des Poisons, Serge Brussolo

Certains de mes retours de lecture peuvent présenter des éléments d’intrigues.

L’auteur
Né à Paris en 1951, Serge Brussolo écrit depuis son plus jeune âge. Ses premières tentatives de publication ont lieu dès sa douzième année… A sa sortie de faculté, après des études de lettres et de psychologie, il se lance dans la bataille de l’écriture, vivant dans des conditions précaires pour avoir le temps d’écrire ses premiers textes. Commence alors pour lui une formation à la manière des auteurs américains : métiers incongrus, hétéroclites, qui lui fourniront matière à l’études des milieux les plus disparates. Il lui faudra attendre 1978 pour que sa première nouvelle paraisse, qui sera aussitôt saluée par la critique. Funnyway (Editions Denoël) sera en effet couronnée par le Grand Prix de la science-fiction française devenu aujourd’hui le Grand Prix de l’imaginaire.

D’autres prix littéraires récompenseront ses nombreux romans fantastiques et qui conduiront la critique à voir en lui  » le Stephen King français « . Qualificatif réducteur, car, pour Brussolo, le fantastique ou la science-fiction ne sont que des prétextes, des clefs permettant d’accéder à un univers psychanalytique où règnent le trouble, l’obscur, l’inavoué. Il se souciera d’ailleurs peu d’observer les règles du genre et s’appliquera plutôt à les pervertir systématiquement au grand scandale des puristes.

A la fin des années 80, il se détourne momentanément du genre pour s’attaquer à la littérature générale et au roman historique. Quoi qu’il soit difficile d’appliquer des étiquettes à ses romans, chacune de ses oeuvres se déplaçant sur plusieurs genres à la fois. Auteur polyphonique, Brussolo est un mutant réconciliant les extrêmes, un maître expert en mélanges, à la manière des auteurs sud-américains toujours attentifs aux arrière-plans du réel, aux mythologies et au fantastique quotidien.

Conteur doué d’une imagination surprenante et d’un époustouflant sens de l’intrigue, il s’épanouit dans la littérature criminelle et trouve son inspiration dans les aberrations sociologiques de nos sociétés. Ses thrillers explorent le suspense sous toutes ses formes, conciliant roman noir et énigme classique, thriller international et machinations savantes.
Aujourd’hui, il est revenu à ses premières amours à savoir la SF.
La Société des Gens de Lettres lui a décerné le prix Paul Féval pour l’ensemble de son œuvre.


4e de couv
Ordonné chevalier en récompense de sa bravoure, Jehan de Montpéril n’en est pas moins réduit, pour gagner sa vie, à escorter les voyageurs sur les routes dangereuses. C’est ainsi qu’il est amené, sur les pas de l’étrange moine Dorius, trafiquant de reliques, au château d’Ornan de Guy où surviennent de tragiques événements…

Les morts se multiplient au milieu des festins de noces. Les tournois se changent en traquenards. Les mares du pays alentour sont empoisonnées. On murmure que, la nuit, apparaît une bête fabuleuse. Des doigts accusateurs se tendent vers Irana, la femme troubadour aux chansons provocantes et sensuelles…

Serge Brussolo nous transporte dans un Moyen âge aussi vivant que le Londres de Conan Lord ou l’Amérique de La Main froide. Passions amoureuses, ambition des gens d’Eglise, superstitions, batailles et supplices d’une époque violente : tous les ingrédients sont là pour composer le plus somptueux des romans noirs.


Retour de lecture
Il s’agit de mon premier Brussolo et je ne suis pas déçue. Sur fond historique d’une époque médiévale visiblement bien maîtrisée, nous sommes invités à vivre le temps du récit au travers d’un héros un peu malgré lui, un chevalier par accident ou grâce à son instinct de survie…

Montpéril est un anti-héros, il ne brille pas par son intelligence ni par son talent au combat, pas même par son titre qui lui est tombé dessus plus qu’autre chose… Montpéril est un survivant ayant des aptitudes de routier qui au milieu d’une époque où la violence est banalité, reste encore à certains égards un innocent par manque de duplicité…

C’est intéressant de vivre ce livre à travers ces yeux, loin des habituels super héros chevaleresques, la crédibilité du récit n’en est que plus grande, le récit n’en est que plus sombre. Nous sommes donc happé parce cet univers médiéval obscurci de superstitions, où la loi du plus fort dessine les trames. Le style de l’auteur louvoie habilement entre un vocabulaire d’époque et un style pourtant simple qui reste accessible à tout lecteur… Le rythme est lent, parfois étouffant, comme le récit, l’action n’en est que davantage mise en valeur allant chercher chez le lecteur des recoins inexplorés et inavoués sur les plans émotionnels et psychologiques.

« La forêt, c’était la terre gaste où tout pouvait arriver. Le diable s’y esbaudissait à loisir, multipliant ses tours malfaisants. Les sorciers s’y terraient, mais aussi les enfants sauvages, ces survivants des villages massacrés, qui, leurs parents occis, s’enfuyaient dans les bois pour tourner louveteaux et ne plus se nourrir que de viande crue. »

L’auteur s’amuse tout au long du récit, cette intrigue est un labyrinthe et nous sommes le cobaye. Nous ne connaissons le dénouement et le nom des intrigants qu’à la toute fin, le lecteur est récompensé d’avoir achevé la lecture comme le cobaye qui trouve la sortie du labyrinthe. J’ai aimé ce côté un peu machiavélique de l’auteur qui fait s’amuse avec ses lecteurs.

Cependant, je ne suis pas une adepte des enquêtes, des intrigues, des complots, ce qui fait que mon plaisir n’a pas été aussi grand que pour un bon Terreur mais je salue l’exercice de style de l’auteur qui indubitablement m’a donné envie d’en lire davantage de lui.

Ma note finale est 13/20

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