Retour de lecture pour : Le sortilège de Babylone, Anne Rice

Certains de mes retours de lecture peuvent présenter des éléments d’intrigues.

L’auteur
Née en 1941 à La Nouvelle-Orléans, Anne Rice commence à écrire au milieu des années 70 ce qu’elle pense être  » une courte nouvelle sur le thème du vampirisme « . Le premier volume des Chroniques des vampires, Entretien avec un vampire, deviendra un livre culte, adapté au cinéma par Neil Jordan en 1994 avec Tom Cruise, Brad Pitt et Kirsten Dunst. Reine du fantastique moderne, qu’elle a révolutionné en lui apportant sensualité et démesure, mais aussi de l’érotique avec sa saga des Infortunes de la Belle au bois dormant, tous ses livres figurent dans les meilleures ventes.
Son site www.annerice.com


4e de couv
Né à Babylone il y a plus de 2000 ans, Azriel est un fantôme, manipulé par des forces obscures qui le tirent régulièrement du néant pour semer la peur parmi les hommes.
Quand il se trouve projeté sur une scène de crime dans le New York du XXe siècle, Azriel ne comprend pas pourquoi on l’a appelé.
Mais, étrangement, le meurtre de la ravissante Esther va devenir pour lui une obsession…


Retour de lecture
 
Il s’agit de mon deuxième Rice, après mon énorme coup de coeur pour Le violon, je ne pouvais que revenir vers cette auteure.

On retrouve dans ce roman l’écriture travaillée de l’auteure, des descriptions fouillées et précises qui dressent un décor détaillé pour l’action. Comme dans Le violon, on retrouve ici un récit entre deux protagonistes principaux, cette intimité et cette sensualité qui unissent deux personnes autour de l’histoire du personnage fantomatique.
La temporalité est traitée de la même manière également à coups de réminiscences, de récits dans le récits, une mise en abyme qui nous fait voyager sur 2000 ans d’histoire.

« Sois bon. Toujours, si tu as le choix sois bon. Pense aux pauvres, aux affamés, aux opprimés. Pense à ceux qui souffrent et qui sont démunis. Le plus grand pouvoir créatif que tu aies sur terre, que tu sois ange ou esprit, homme, femme ou enfant, c’est d’aider les autres… les pauvres, les affamés, les opprimés. Atténuer la souffrance et donner de la joie sont tes plus beaux pouvoirs. La bonté est un miracle de l’homme ; ainsi que des anges ou des esprits plus développés.

Dans la première moitié du livre, on découvre un héros gothique romantique, le beau et bon héros, jeune, innocent qui par un coup du sort est arraché à la vie dans une mort atroce faisant de lui un être surnaturel difficile à définir. Le traitement de sa psychologie et de son émotionnel est extrêmement bien mené, ne sachant ce qu’il est : entre ange et démon, ne sachant parfois même qui il est, naviguant entre amnésie et souvenirs, ne sachant ce qu’il doit faire, hésitant entre obéissance et rébellion… Nous avons ici un être complexe et torturé aussi fragile émotionnellement qu’il est puissant en termes de pouvoir et de capacités.

« – Azriel, la plupart des esprits ne contrôlent pas leurs actes. Plus ils errent et moins ils se maîtrisent. La haine leur est commune. Il a confronté sa force à la tienne. S’il t’avait vaincu, peut-être aurait-il tenté de faire de toi un esclave parmi les invisibles, mais il a échoué. Il ne connaît sans doute que le combat, la domination et la soumission. Quantité d’humains vivent de la même manière.

Contrairement à ce que pourraient penser certains lecteurs, nous avons ici un héros humain dans son questionnement existentiel alors même qu’il n’est qu’une entité dénuée de vie, il faut donc apprécier les personnages en perpétuel questionnement pour aimer Azriel, sinon vous vous ennuierez ou le trouverez probablement mièvre. Hors il n’en est rien pour peu que l’on entre dans la psychologie et l’émotionnel de ce héros victime d’une malédiction, que l’on saisisse que l’homme préparé à mourir est devenue forme éthérée immortelle en quête de réponses.

« […] Tu dois apprendre qu’aimer est plus gratifiant… et être bon, plus encore. En tuant, tu détruis un univers de croyances, des sentiments, des générations entières… Mais quand tu fais oeuvre de bonté, c’est comme de lancer un galet dans l’immense océan : les ondes s’en propagent à l’infini, aussi loin que l’Italie ou l’Egypte, en une infinie variété de vagues. La bonté a bien plus d’effets que le meurtre.[…]

La seconde partie se teinte de l’atmosphère du thriller, ce n’est pas la partie que j’ai le plus apprécié, ce genre n’étant pas ce que j’affectionne le plus mais le tout reste bien mené et cohérent.

Au final un très bon roman de Anne Rice, il n’atteint pas, selon moi, le niveau exultatoire du premier roman de l’auteure que j’ai lu, Le Violon mais on retrouve ici des mécanismes rôdés et sa plume affûtée, le tout fonctionne très bien et fait mouche.

Ma note finale est 15/20

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