Retour de lecture pour : Magie Vaudou, Graham Masterton

Certains de mes retours de lecture peuvent présenter des éléments d’intrigues.


Retour de lecture : 

Ceci n’est pas une lecture pour tout vous dire mais une relecture, c’est mon tout premier Masterton que j’ai lu il y a fort longtemps, j’avais été très impressionnée alors par la femme qui se mange toute seule, ça été le début de mon attrait pour cet auteur. Il y a deux ans, je me suis mis en quête pour réunir les collections terreur dont la saga Jim Rook qui représente au total six volumes.

A présent que ma quête est achevée et que je m’apprête enfin à découvrir les tomes suivants il me paraissait important de rafraîchir mes souvenirs.
Et quel bonheur, avec Masterton on a l’impression d’enfoncer des portes ouvertes lorsqu’on dit qu’il maîtrise ses ambiances, la narration et les différents rythmes qui la ponctuent avec brio et qu’il manie de main de maître ses descriptions et pourtant que dire de plus ?! C’est tellement vrai, tout l’art de Masterton est dans cette précision et cette maîtrise.

« – Il y avait un auteur français au XVIIIe qui s’appelait Voltaire. Et il a dit « On doit le respect aux vivants, mais aux morts on doit seulement la vérité. » Ma foi, je ne suis pas du tout d’accord avec ça. Parce que les morts… ils ont fait tout ce qu’ils étaient à même de faire. Nous pouvons respecter les efforts qu’ils ont accomplis, mais cela ne sert à rien de critiquer ce qu’ils n’ont pas réussi à faire, parce qu’ils n’ont pas la possibilité de s’excuser, ni de rectifier leurs erreurs.
Mais les vivants… ils ont la possibilité de rectifier leur erreurs, et c’est pourquoi nous leur devons la vérité, plutôt que le respect. Si l’un de vos amis se conduit de façon mesquine, ou très mal, si l’un de vos amis se met à dire du mal de ses parents, ou frappe des gosses plus jeunes que lui et leur vole l’argent de leur déjeuner, ou fume du crack, et que vous lui dites : « tu es un imbécile. Tu es ridicule. Tu gâches ta vie » alors là, c’est la vérité. Et il ne mérite pas le respect tant qu’il n’a pas changé sa conduite, parce que le respect, ça se mérite.

Il sait faire naître ce sentiment d’impuissance, cette touffeur ou ce frisson et cette notion de fragilité de l’être comme peu savent le faire.  D’ailleurs c’est à l’aide de protagonistes tout à fait normaux et qui ressemblent à quiconque qu’il permet au lecteur de s’identifier à eux… Ces personnages qui se prennent des râteaux, qui traînent leurs échecs comme leurs réussites comme tout un chacun sont, non seulement accessibles, mais aussi attachants. C’est ici le cas pour Jim Rook et ses élèves.
Le personnage de Rook, que l’on va retrouver tout au long des tomes suivants, a le potentiel du personnage attachant que l’on va suivre pour voir comment il évolue. Il est gentil et attentif comme prof, gentil et sensible comme personne, le bon gars par excellence plein de bons sentiments et que la vie met dans des situations inattendues parce qu’il a un don au milieu de toute la normalité qui le constitue…
Les lecteurs sont en général très friands de ce genre de personnages en littérature pour peu que l’auteur sache entretenir la flamme… à suivre donc…

Les méchants ne sont ni plus ni moins des gens ordinaires blessés par la vie, paumés qui un jour pètent un câble et qui se servent du surnaturel pour changer la donne dans leur vie, cela les rend d’autant plus plausibles…

J’ai adoré cette relecture, il faut cependant bien admettre qu’il y a tout de même deux trois raccourcis par-ci, par-là mais le plaisir général de ce monde normal où s’invite la magie vaudou les fait facilement oublier. Bon j’avoue, pour ce tome tout au moins, je suis totalement partiale vu que c’est mon premier Masterton et que j’ai pour lui un attachement sentimental tout particulier…

« Le lieutenant Harris vint vers lui et renifla.
– De quoi s’agit-il ?
– Juste quelques mots de remerciement de la part d’un oncle reconnaissant.
– A d’autres, monsieur Rook ! Je connais le langage du corps. A mon avis, cela ressemblait plutôt à un affrontement.
– M. Jones a une façon très énergétique de manifester sa gratitude, c’est tout.
– Vous autres les intellectuels ! fit le lieutenant Harris. Et si ce type vous donnait un coup de poing sur le pif, comment appelleriez-vous cela ? Une expression de mécontentement ?

En conclusion, étant une relecture, j’ai certainement oublié des choses que l’on remarque à la première lecture mais le plaisir est toujours aussi vif. Masterton maîtrise sa plume avec virtuosité. Les quelques raccourcis sont vite oubliés. Inviter la magie vaudou et le surnaturel dans un quotidien on ne peut banal avec des protagonistes accessibles et qui n’ont rien d’héroïque est une brillante idée, c’est une recette efficace qui fait de ce terreur un bon début de saga dans le genre… J’ai grande hâte de découvrir enfin les tomes suivants…

Ma note finale est donc un 15/20

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Pour aller plus loin…

4e de couv. : Jim Rook n’est pas seulement un excellent professeur qui parvient à tirer le maximum des classes les plus difficiles. C’est aussi quelqu’un qui, ayant frôlé la mort dans son enfance, a le don de voir fantômes et esprits. Un don perturbant dont il répugne à se servir. Mais lorsque l’un de ses élèves, Tee Jay, accusé de meurtre, clame son innocence, Jim n’a plus le choix. D’autant qu’il est sûr d’avoir vu l’oncle de celui-ci sur les lieux du crime. Ce personnage inquiétant dispose d’un alibi en béton, mais l’on murmure aussi que, adepte du vaudou, l’oncle de Tee Jay maîtrise parfaitement la technique consistant à quitter son corps pour aller commettre les pires méfaits…


L’auteur : Graham Masterton est né en 1946 à Edimbourg, en Ecosse. Après des débuts prometteurs dans le journalisme, il se tourne vers la littérature fantastique et connaît en 1975 le succès dès son premier roman, Manitou, écrit en une semaine et aussitôt adapté au cinéma avec Tony Curtis dans le rôle principal. Pionnier de la terreur moderne, il impose d’emblée un ton nouveau, fortement teinté d’humour, extrêmement visuel, aussi percutant et rapide que les meilleures séries B. La Maison de chair, Le Jour J du jugement ou Le Démon des morts en font rapidement l’un des plus populaires des écrivains anglo-saxons. Grand admirateur de Lovecraft auquel il rend souvent hommage, notamment dans Apparition, jonglant avec les mythologies les plus exotiques, réelles ou inventées de toutes pièces, comme dans Tengu, Transe de mort ou Sang impur, il n’hésite pas pour autant à revisiter de grands classiques de l’imaginaire avec Le Portrait du mal, éblouissante variation sur Le Portrait de Dorian Gray, considéré par beaucoup comme son chef-d’œuvre, ou avec Hel, inquiétante confrontation d’Hollywood et de La Reine des neiges d’Andersen. Après quelques années en Irlande où il a écrit, entre autres, Katie Maguire, il a depuis peu regagné l’Angleterre.


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