Retour de lecture pour : Le clan des Otori, Tome 1 : le Silence du Rossignol, Lian Hearn

Certains de mes retours de lecture peuvent présenter des éléments d’intrigues.

Tout d’abord petit changement de présentation pour la nouvelle année, vous trouverez désormais d’abord le retour de lecture puis la partie pour aller plus loin qui vous propose la 4e de couv, une présentation succincte de l’auteur et trois propositions de lectures similaires…


Retour de lecture : 

En voilà une belle découverte et une chouette ouverture de saga ! Une écriture fluide et teintée d’émotion nous propose de découvrir un Japon médiéval beau, terrifiant et poétique. L’auteure gorge d’émotion et de sensibilité ses protagonistes, les présentant tout en nuances, ajoutant, de fait, à la poésie des émotions et des circonstances.

« C’était une leçon précoce pour moi. Moins les gens attachent d’importance à votre personne, plus ils se montrent bavards avec vous ou en votre présence.

Le récit se construit autour de deux personnages principaux, un jeune homme, Takeo, en quête d’identité et d’appartenance, doux et sensible et pourtant subtilement doué pour la mort ; une jeune fille emplie de colère, Kaede, qui se construit autour d’un besoin de vengeance. Les protagonistes secondaires sont complexes, profonds, attachants ou haïssables. Les descriptions mêlent savamment la beauté des paysages, de l’art, et de l’émotion à l’horreur de la guerre, de la violence et des complots. Somptueux contraste manié avec brio, un combat du sublime et de l’horrible, une danse de la lumière et de l’obscurité.

« Le vent agitait les feuillages des cèdres antiques, les insectes faisaient toujours retentir la nuit de leur chant obsédant. Je me dis qu’il en serait ainsi à jamais : été après été, hiver après hiver, la lune disparaîtrait vers l’occident, rendant le ciel nocturne aux étoiles qui à leur tour, une ou deux heures plus tard, baisseraient les armes devant l’éclat du soleil.
Le soleil s’avancerait au-dessus des montagnes, et les ombres des cèdres s’allongeraient dans son sillage jusqu’à l’instant où il déclinerait de nouveau derrière les collines. Tel était le monde, et l’humanité continuait d’y vivre de son mieux, entre l’ombre et la lumière.

Nous avons un héros grandi et élevé par la grandeur de ses sentiments, il dessine dans son sillage une fresque romanesque tissée de vie et de mort et de sentiments violents qui sont à eux seuls un parcours initiatique.

Tout y est pour réussir un cocktail équilibré entre psychologie, émotion, et action… Un début de saga qui est purement enthousiasmant et laisse espérer une fresque romanesque digne de la beauté et de la violence du Japon féodal…

On peut regretter quelques éléments convenus mais ils sont si peu nombreux qu’ils ne gênent en rien la lecture, le voyage est passionnant, et si nous sommes loin de pleurer avec les protagonistes, le pincement au coeur est présent et l’épopée est telle qu’il est difficile de lâcher le roman… Le lecteur ne demande qu’à s’imprégner davantage de ce héros prometteur, sublime dans ce qu’il a de fragile et d’imparfait.

« J’avais passé ma vie entière parmi les Invisibles, auxquels il est interdit de tuer et qui ont pour doctrine le pardon mutuel. Mais en cet instant, la vengeance fit de moi son disciple. Je la reconnus tout de suite et appris aussitôt ses leçons. Elle était exactement ce que je désirais : elle allait me délivrer du sentiment de n’être qu’un mort vivant. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, je l’accueillis dans mon coeur.

Moi qui ne voulais pas commencer cette saga avant d’avoir réuni tous les tomes, ce qui m’arrive finalement rarement, permettez ici que je m’auto-congratule de ce choix judicieux parce que si tous les tomes sont aussi bons que celui-ci (qui n’est qu’un tome introductif), c’est un kifff monumental en perspective… oui je suis enthousiaste, c’est le jour et la nuit avec la déception que j’avais eu avec le fadasse et molasse Le samouraï

Je suis ravie de finir cette année de lecture sur un une note si positive, ma note finale est donc de 16/20

Retours de lecture pour le tomes 2

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Pour aller plus loin…

4e de couv. : Au XIVᵉ siècle, dans un Japon médiéval mythique, le jeune Takeo grandit au sein d’une communauté paisible qui condamne la violence. Mais celle-ci est massacrée par les hommes d’Iida, chef du clan des Tohan. Takeo, sauvé par sire Shigeru, du Clan des Otori, se trouve plongé au cœur de luttes sanglantes entre les seigneurs de la guerre.Il doit suivre son destin. Mais qui est-il ?


L’auteur : Lian Hearn est le pseudonyme d’un auteur pour la jeunesse célèbre en Australie où elle vit avec son mari et leurs trois enfants.Elle est diplômée en littérature de l’université d’Oxford et a travaillé comme critique de cinéma et éditeur d’art à Londres, avant de s’installer en Australie. Son intérêt de toujours pour la civilisation et la poésie japonaises, pour le japonais qu’elle a appris, a trouvé son apogée dans l’écriture du Clan des Otori. Elle y dépeint un univers imaginaire nourri d’alliances secrètes, de guerres, de clans, d’honneur exacerbé, d’amour, de désir et de courage.

Elle a choisi l’anonymat pour que le premier roman de sa saga, « Le Silence du Rossignol », soit jugé pour lui-même et non en fonction de ses précédentes œuvres pour la jeunesse dont le style était radicalement différent. Elle estime également que l’attention doit être portée sur le livre plutôt que sur l’auteur. La publicité l’a par ailleurs toujours mise mal à l’aise.En juin 2002, quelques temps après que les éditeurs de nombreux pays eurent accueilli à bras ouverts le livre et que les droits cinématographiques eurent été achetés, Gillian Rubinstein admit qu’elle en était l’auteur. Gillian Rubinstein a choisi son pseudonyme en combinant son surnom d’enfance (les dernières lettres de Gillian) et le nom de famille d’un auteur irlandais ayant vécu au Japon à la fin du XIXe siècle, Lafcadio Hearn.


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