Retour de lecture pour : Vilain chien !, Morgane Caussarieu

Certains de mes retours de lecture peuvent présenter des éléments d’intrigues.


Retour de lecture : 

Voilà un petit livre jeunesse de la collection Chatons Hantés des éditions du Chat Noir qui est vraiment sympathique. Ecrit par la talentueuse Morgane Caussarieu, qui habituellement nous parle de la mort de façon trash au travers des vampires, elle montre l’étendu de sa maîtrise de l’écriture en offrant un livre jeunesse qui aborde la mort et le respect de la nature avec délicatesse et sensibilité.

L’intrigue se situe au moment d’Halloween, au Canada dont les protagonistes emprunte le langage courant avec ses expressions spécifiques qui colorent le texte d’une touche de dépaysement et de légèreté. La temporalité est relativement courte. C’est donc un roman davantage axé sur l’émotionnel et le psychologique que sur l’action et ça fonctionne parfaitement pour un récit qui parle de la perte d’une être cher et des stratégies et mécanismes que l’humain met en place pour avancer et guérir, ou à tout le moins accepter…

En entendant cela, les yeux de Mom se déversèrent sur son visage, elle s’effondra, drainée de tout. Vide et épuisée. Comme si c’était sa vie qui s’écoulait de ses paupières. Comme si l’eau était arrachée directement à ses muscles et veines. Comme si ses larmes étaient du sang et son chagrin un vampire. Pleurer allait finir par la tuer.

Il y a peu de pages, 140, et je trouve que l’autrice s’est brillamment débrouillée pour placer pas mal d’éléments importants en peu de temps. Le deuil pour commencer, c’est la trame de l’histoire, du moins au début, il est abordé dans son aspect traumatique, Caussarieu ébauche les phases psycho-émotionnelles qui sont en jeu mais la plupart du roman tourne autour de l’acceptation et de la vie qui doit continuer pour ceux qui restent. De ce point de vue là, ce roman est une réussite.

L’autre thématique qui domine est la beauté et la fragilité de la nature que l’on doit protéger plutôt que massacrer, et je vais dire ici que c’est un message qui me parle et qu’il est amené avec subtilité mais… Oui, il y a un mais… Ce message a tendance à prendre le pas sur celui du deuil, et je trouve ça vraiment dommage. En effet, les deux thématiques ont parfois tendance à s’entre-dévorer, c’est un peu normal en si peu de pages… Je pense qu’il aurait été avisé d’allonger un peu le récit pour ne pas trop abréger certaines idées qui sont seulement mentionnées…

Concernant le public visé, je ne me vois honnêtement pas conseiller ce livre aux enfants que je connais, en tout cas pas dans l’intégralité de la tranche 9-12 ans comme recommandé, je le décalerai davantage vers du 12-13 ans notamment avec les souffrances animales mentionnées, les enfants que j’ai autour de moi vivraient actuellement très mal de lire ceci, bien que ce soit une question de sensibilité individuelle, il ne faut pas sous-estimer l’empathie qu’ils peuvent ressentir pour les animaux et l’impact psychologique qu’elle peuvent avoir même à la lecture…

Le fauve était tellement gracieux en mouvement, il n’aurait pas supporté de le voir mort et empaillé. Par sa faute. Juste parce que leurs chemins s’étaient croisés. La forêt appartenait à tout le monde, pas vrai ? La rencontre entre ses habitants devait-elle immanquablement finir en tragédie ? Le couguar avait été sage. Le couguar avait décidé que non. Il avait brisé ce cercle de violence, qui veut que les couguars mangent les petits garçons et les petits chiens. De ce couguar très éclairé, Zack avait beaucoup à apprendre.

En conclusion, Vilain chien ! est un roman jeunesse réussi, je ne le conseillerai toutefois qu’à la partie supérieure de la tranche d’âge conseillée. Sans cela rien à redire, Caussarieu maîtrise son écriture et les messages concernant le deuil et la protection de la nature passent plutôt bien même si ils ne sont pas creusés et se chevauchent parfois trop.

Ma note finale est donc un 13/20

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Pour aller plus loin…

4e de couv. : Zachary, dix ans, vit seul avec sa mère au milieu de la forêt canadienne, au Québec. Son père est mort récemment dans un accident de chasse et le petit garçon ne peut accepter sa disparition. Il est persuadé que son papa est encore là, quelque part.Le soir d’Halloween, un homme inquiétant fait don à Zachary d’un adorable petit chien de chasse. Un chiot au regard plus que troublant. Un chiot au comportement étrange… Dans ce roman émouvant et frissonnant à la fois, Morgane Caussarieu évoque de nombreux thèmes importants comme le deuil et la reconstruction, ainsi que le respect de la nature et des animaux.


L’ autrice : Morgane Caussarieu casse les codes de la Bit-lit avec son premier roman Dans les veines. Aussi essayiste et traductrice, cette punkette de 27 ans a obtenu le prix Bob Morane pour Je suis ton ombre, second volet de sa saga aux longues dents, amorcée avec Dans les veines.


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