Retour de lecture pour : Rouge Venom, Morgane Caussarieu

Certains de mes retours de lecture peuvent présenter des éléments d’intrigues.


Retour de lecture : 

Ce roman, suite de Rouge Toxic, peut se lire indépendamment des préquels Dans les Veines et de Je suis ton ombre mais si Rouge Toxic se lisait sans nécessité de lire les deux premiers, celui-ci peut vous larguer vu les rappels du passé des protagonistes importants. Et puis tout simplement ne passez pas à coté de l’intégralité de cet univers et surtout du génialissime Je suis ton ombre qui montre l’ampleur du talent de l’autrice.

J’avais qualifié Rouge Toxic de gentillet (comparé aux deux premiers romans de l’univers Gabriel, oui, j’ai envie de le baptiser ainsi) Rouge Venom, bien que toujours classé Young Adult, se lâche un peu plus tout en restant plus sage que les premiers.

Ce volume est bien plus dynamique que son prédécesseur, il y a plus d’actions et moins de réflexion, on retrouve davantage l’atmosphère résignée des premiers livres. Pour mon plus grand bonheur, fini la vie lycéenne, on reprend la narration à La Nouvelle-Orléans avec l’atmosphère que l’autrice sait si bien lui donner.

C’était la perspective de me redéfinir qui m’attirait et me faisait tenir, plus ma pitié toute relative pour le gibier. Le bonheur résiderait dans l’absence de désir et dans la tempérance d’après Emma et ses lectures, et je comptais vérifier la théorie. Parce que jusque-là, à force d’excès, j’avais été bien malheureux.

Ce tome est celui qui relit le plus les protagonistes du passé à ceux du présent dans un cocktail sanguinolent et violent, c’est efficace et, pour ceux qui connaissent le début de l’univers, c’est un réel plaisir de retrouver les anciens personnages.

J’ai pris beaucoup de plaisir à retrouver notamment Gabriel, j’attendais son retour avec impatience, je me doutais qu’avec ce personnage, l’autrice ne pourrait pas faire dans la demi-mesure comme dans le tome précédent vu toute la violence et la perversion qu’il incarne et cela a contribué a rendre ce tome plus authentique je trouve, pour les amoureux du début de la saga du moins. Ce personnage est exploité intelligemment et dans la complexité que son nouvel état lui impose, elle propose un protagoniste complexe et duel qui fonctionne à merveille, le brin de frustration mentale et de fragilité que l’autrice lui donne font vraiment de lui un personnage abouti, il est clairement le personnage central de tout cet univers et, par gourmandise, j’adorerais qu’elle nous propose une suite qui conclue l’histoire de ce personnage.

Dans ce roman chaque protagoniste parle par sa voie et son regard propres, c’est intéressant, varié et cela offre une vision prismatique du roman qui lui donne dynamisme, profondeur et complexité. Le talent qu’a Caussarieu de construire des personnalités fortes notamment chez les « méchants » fini de rendre le tout savoureux. Mention spéciale à JP, son argot et sa psyché sans filtre et sans garde-fou… c’est un pur régal.
Barbie échappe de peu à mon lynchage, mais on peut dire que son évolution est cohérente et justifiée, elle est en tout cas beaucoup moins pénible dans Rouge Toxic.

« C’est dans ta culture de bouffer du cochon. Ben c’est dans ma nature de siphonner des pétasses ! J’comprends pas pourquoi tu balises dès que j’me tape un cou, alors que tu t’envoies du sauciflard, peinarde. Que t’aies pas zigouillé Porcinet de tes mains, ça te rend pas moins responsable… (il avait éclaté de rire.) Et moi, je ne consomme que du bétail élevé en plein air ! L’Homo sapiens est pire encore que le cadaver sanguisugus. J’suis un mal nécessaire, né pour réguler votre fichue empreinte carbone. J’vous l’dis, la planète me dira merci un jour… »

Ici, encore, l’autrice gomme les limites entre le bien et le mal, l’humain et la bête, la vérité et le mensonge, elle joue avec son lecteur en l’embarquant dans un jeu du chat et de la souris et on ne sait jamais qui est vraiment le chat, qui est vraiment la souris et qui finira par bouffer l’autre… c’est jouissif…

Mais je vais encore une fois y aller de mon bémol, pour moi et c’est vraiment un avis très personnel, la vraie Morgane Caussarieu à l’apogée de son talent s’est dévoilée dans Je suis ton ombre, j’ai beau apprécié mes lectures, adorer retrouver des personnages qui m’ont fait frémir, je ne retrouve pas l’audace et le panache avec lesquels elle a écrit ce titre dont je vous rabats les oreilles. Au risque de me répéter, produire la suite de cette saga dans le cadre Young Adult est pour moi une erreur qui, loin de servir l’oeuvre, laisse un arrière goût d’inachevé, d’inabouti quand on a connu un tel point d’orgue auparavant. C’est comme si on vous promettait votre plat préféré puis qu’en le goûtant vous vous aperceviez que l’élément principal qui donne tout son goût au plat n’y était pas… C’est frustrant et décevant.

Je vais tout de même recommander cette lecture, mais je vous recommande surtout d’apprécier les deux premières œuvres et de le manifester à l’autrice afin qu’elle se rende compte que son public est là et ne demande pas de la bit-lit gentillette…

Je ne craignais pas les bacteria cannibalis. J’avais jamais eu peur de rien, encore moins de casser ma pipe. Jouer avec la mort, la mienne autant que celle des autres, c’était mon credo. Alors quelle aubaine, hein, cette petite neuf empoisonnée qui excitait mes sens en s’agitant sous mon museau. Elle promettait la plus puissante des cames, le meilleur des flashs. Une Barbie-turique. Une gorgée de bonheur pur, puis rideau. l’attrait de la dernière cigarette du condamné à mort. La fêtes avant l’Apocalypse. Une pilule d’ecstasy coupée au cyanure. On devait grimper vachement haut dans le ciel avant de redescendre six pieds sous terre. L’Ensanglantée me vendait du rêve, du rêve morbide. Et putain, j’adorais ça.

En conclusion donc, ce roman est le meilleur des deux romans « Rouge » classés Young Adult, il relève vraiment le niveau du tome précédent. On retrouve avec plaisir les personnages du début de l’univers Gabriel et on peut se délecter des qualités de l’autrice à nous proposer des vampires complexes au milieu d’humains parfois plus bestiaux que les vampires eux-mêmes. J’espère une suite pour suivre JP et Gabriel mais dans un ton fidèle aux premiers romans et sans le filtre de la Young Adult.

Ma note finale est donc un 15/20

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Pour aller plus loin…

4e de couv. : Irrésistible. Venimeuse. Cannibale.
Son sang ensorcelant est un poison.
Elle nous appâte comme la plante carnivore les mouches.
Elle n’existe que pour nous dévorer jusqu’au dernier.
Tant mieux. Nous sommes des monstres.
Elle, c’est Barbie.
Barbie, contre les vampires.
Et moi, Faruk, je l’aime à en mourir.

Plus impitoyables, sensuels et déjantés que jamais, les vampires de Morgane Caussarieu reviennent secouer le mythe. Aiguisez vos canines, ça va saigner !


L’ autrice : D’une méticulosité jouissive, l’écriture de Morgane Caussarieu tord le cou aux clichés bit-lit pour mieux revenir à l’essence première du vampire : un être amoral, violent, à l’érotisme déviant. Parce que les gentils vampires, ça n’existe pas… Aussi essayiste et traductrice, cette punkette de 27 ans a obtenu le prix Bob Morane pour le roman Je suis ton ombre, second volet de sa saga aux longues dents, amorcée avec Dans les veines.


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